Temps de femmes
Transcender les mots, les sentiments, la révolte, leur donner encore plus de force, plus d’émotion, en établir une cartographie, une géographie, mettre à jour leur lisibilité.
Mettre la vie, la femme à travers son corps en lumière.
Revendiquer la plénitude, l’épanouissement dans sa complexité, son appartenance à une société, au monde. Etre pleine et entière, défendre l’amour qu’on se porte à soi, qu’on donne aux autres, que les autres nous offrent mais aussi Lancer un cri contre la barbarie !
Je définirais mon travail comme un aller-retour. Donner à voir ce que j’entends en écho du monde comme une quête insatiable. Un corps à corps à la découverte des autres et de moi-même. Une recherche constante pour saisir l’expression de l’intimité et de l’universel.
J’observe les corps et les reconstruit, les charge de symbolisme. La vie a des formes et des niveaux de sens multiples. L’imprégnation de l’idée va déterminer la technique de chaque œuvre.
Association de matériaux, frottement du figuratif et de l’intime, explosion de l’émotion mais aussi ouverture de la pensée.
Chaque objet, chaque matériaux, fabriqué, récupéré, délaissé, abîmé accède à un sens nouveau. L’idée n’est pas de heurter, de faire fantasmer mais d’amener les visiteurs à une méditation intérieure par un propos poétique, plastique.
Je réinvente ces femmes, travaillant l’acier comme le bois ou le tissus… leur redonnant couleur.
Chaque œuvre renouvelle l’étrangeté de ces structures en les laissant loin d’une intimité originelle, peut-être afin d’interpeller les visiteurs de tout genre.
« La chrysalide » – robe d’enfant figurant la virginité. Histoire d’un ange, future femme. La lumière passe à travers son sexe, pour éclairer le chemin de sa vie, quel chemin pour quelle histoire de vie ?
« Extase » – un panneau de bois doux…..à caresser. En son centre un sexe d’où s’échappe des petits galets blancs et brillants tels des perles de volupté. On peut aussi imaginer un double sens en voyant les cailloux blancs semés pour retrouver son chemin- chemin de vie et de plénitude.
« Pire que la mort » – détournement d’objets usuels pour dénoncer le viol comme acte de guerre. Malle militaire défoncée, un pieu éventrant un sexe attaché. Au sol un cercle de cendre, des empreintes traversent la malle pour aller un peu plus loin vers une autre cible….
#1 Passage //
Femmes qui courent avec le vent – La danse au-delà du corps – L’autre Olga – Peau de femmes – Sorcière – Linceul
Mettre à jour la métamorphose du corps – sujet.
De franchissements en transformations, de la vie à la mort ; combien de passages, combien de vies, combien de luttes pour se dé-jouer des carcans, passer entre les mailles du filet et exister – vivre, bouger au-delà, penser à bras le corps – exister, unique comme autant de facettes d’une évidence existentielle, d’une pensée construite, assumée, libérée.
Etre femme debout.
Fils, trames, tissus – enveloppe entre le visible et le perceptible. Rendre le perceptible à soi visible aux autres.
Enveloppes palpables, liens diaphanes, transparences et interstices – derrière, le corps.
Interroger les codes. Se raconter et aussi les autres. Du vécu, de l’entendu, du partagé. Tourner les pages une à une, faire remonter les souvenirs évanescents, s’y arrêter.
Dominique Potard